jeudi 8 mai 2025

Créer un backlog transverse piloté par la valeur : l’ossature d’un train agile




Dans le premier article ( Une transformation agile vue de l'intérieur – récit d’un an de bascule collective), nous avons exploré les fondations de la transformation agile menée sur huit trimestres, en mettant en lumière les dispositifs humains, les rituels collectifs et l’importance du leadership incarné. Cette vue d’ensemble posait les bases d’un changement en profondeur.

Dans ce deuxième article, je vous emmène dans les coulisses de l’un des piliers structurants de notre transformation : la mise en place d’un backlog transverse de MMF et Enablers.


Un funnel unique, partagé, pour structurer la demande

L’une des premières difficultés rencontrées était celle-ci : trop de demandes, trop de formats, pas de filtre. Chacun avait ses urgences, ses arbitrages, ses tickets. Résultat : les équipes passaient leur temps à naviguer entre des priorités mouvantes et mal définies.

Nous avons donc mis en place un funnel de gestion de la demande, porté par plusieurs rôles clés :

  • Les Business Owners (BO), représentants de leur métier, garants de l’usage pertinent des moyens IT pour répondre aux priorités business,

  • Les Product Owners (PO), porteurs produits,

  • Les Managers, acteurs du delivery et du pilotage,

  • Les architectes ou sachants techniques et métiers, qui apportent un éclairage sur la faisabilité et les impacts techniques.

Le rôle des BO est central. Ils incarnent leur métier, valident les orientations et arbitrent les décisions liées à leur domaine. Ce sont eux qui, avec les PO et les architectes, alimentent le backlog avec des demandes à fort impact.

Trois sources principales alimentent ce funnel :

  • Les demandes locales, portées par les équipes, les PO ou les architectes,

  • Les demandes métiers, formalisées par les BO,

  • Les initiatives stratégiques, issues de la roadmap de l’entreprise. Ces dernières sont déclinées en MMF et Enablers, puis prises en charge par des PO.




Un rituel spécifique : l’Entrance Gate

Pour traiter ces demandes, nous avons institué un rituel dédié, que nous avons appelé Entrance Gate. Ce rituel n’est pas un simple point d’échange : c’est un espace d’analyse, de clarification et de validation.

Chaque semaine, les parties prenantes (BO, PO, managers, architectes, UX...) y pitchent leur besoin, MMF par MMF. Les demandes sont challengées, reformulées, parfois fusionnées. On y vérifie la valeur, les risques, la faisabilité, les dépendances.




Pour qu’une MMF soit validée, elle doit :

  • Avoir une description claire de la demande,

  • Contenir des hypothèses de valeur chiffrées (euros, économies, efficacité… ),

  • Proposer les premiers critères d’acceptation,

  • Fournir les éléments nécessaires au chiffrage WSJF.

Quand une MMF est jugée complète, elle passe au statut "Ready" dans le backlog transverse. Elle devient alors visible pour le PI Planning à venir.


Un PO Sync pour piloter la vision et la roadmap

En parallèle, un PO Sync hebdomadaire réunit les PO, BO, architectes, managers... Il ne s’agit pas ici de traiter les demandes une à une, mais de piloter l’ensemble :

  • Où en est la roadmap ?

  • Quelles sont les priorités du prochain PI ?

  • Quels éléments sont mûrs ?

  • Quels sujets doivent être arbitrés au LACE ?


Ce PO Sync donne de la hauteur. Il structure la préparation des PI Planning à venir. C’est aussi là que l’on suit la maturation des MMF, métier par métier, et que l’on alerte sur les points bloquants.


Un backlog pour préparer, pas pour consommer

Une fois les MMF prêtes, elles alimentent le backlog transverse, en vue du prochain PI Planning. Ce backlog n’est pas un réservoir infini. C’est un instrument de pilotage : il permet de cadrer les engagements, d’anticiper les dépendances, de préparer les arbitrages.

C’est lors du PI Planning que les équipes décomposent les MMF en User Stories et en Enablers techniques. Elles construisent leur plan sprint par sprint, en lien avec les PO, les architectes, et les autres équipes.


Par ailleurs, certains sujets émergent directement du terrain : irritants techniques, besoins UX, chantiers transverses. Ces éléments viennent enrichir le backlog, avec le même niveau d’exigence sur la valeur et la clarté.


Conclusion : un backlog comme catalyseur de maturité

En un an, ce processus a changé la donne. Fini les demandes floues, les surprises de dernière minute, les tickets qui tombent du ciel. Le backlog est devenu un outil de convergence. Il structure le dialogue entre métiers et équipes. Il donne de la visibilité. Il cadre les engagements.

Mais surtout, il crée une dynamique collective. Car derrière chaque MMF validée, il y a un dialogue, un arbitrage, un engagement. Et c’est cette maturité-là qui fait la force d’un train agile.


Dans les semaines à venir, je publierai des zooms thématiques sur trois piliers majeurs de cette transformation :

  1. Créer un backlog transverse piloté par la valeur
  2. Organiser un PI Planning qui crée de l’alignement réel
  3. Piloter une transformation par le ressenti, pas par les slides

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